Le 12 septembre 2021
La décision de se faire vacciner ou non est une décision personnelle de conscience. Dans le contexte actuel, il est moralement licite de se faire vacciner, mais ce n’est pas une obligation morale. Les zones d’ombre sont trop nombreuses pour que l’on puisse adopter une position tranchée pour ou contre les vaccins. La conscience de chacun-e doit être respectée.
En ce qui concerne les tests de vaccination et toutes les autres questions, je demande aux gens de suivre les directives de l’unité de santé de leur juridiction locale.
Ce qui suit est une Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, datée du 21 décembre 2020. Cette note est la déclaration la plus récente du Saint-Siège sur ces questions.
Sincèrement vôtre dans le Christ,
+ Guy Desrochers, c.ss.r.
Évêque de Pembroke
Note sur la moralité de l’utilisation de certains vaccins anti-Covid-19
La question de l’utilisation des vaccins, en général, est souvent au centre de la controverse dans le forum de l’opinion publique. Au cours des derniers mois, cette Congrégation a reçu plusieurs demandes d’orientation concernant l’utilisation de vaccins contre le virus SARS-CoV-2 à l’origine de la Covid-19, qui, au cours de la recherche et de la production, a utilisé des lignées cellulaires provenant de tissus issus de deux avortements survenus au siècle dernier. Dans le même temps, des déclarations diverses et parfois contradictoires faites dans les médias par des évêques, des associations catholiques et des experts ont soulevé des questions sur la moralité de l’utilisation de ces vaccins.
Il existe déjà une importante prise de position de l’Académie pontificale pour la vie sur cette question, intitulée « Réflexions morales sur les vaccins préparés à partir de cellules provenant de fœtus humains avortés » (5 juin 2005). En outre, cette Congrégation s’est exprimée sur la question avec l’Instruction Dignitas Personae (8 septembre 2008, cf. nn. 34 et 35). En 2017, l’Académie pontificale pour la vie est revenue sur le sujet avec une Note. Ces documents offrent déjà quelques critères directifs généraux.
Puisque les premiers vaccins contre la Covid-19 sont déjà disponibles pour la distribution et l’administration dans divers pays, cette Congrégation désire offrir quelques indications pour la clarification de cette question. Nous n’avons pas l’intention de juger de la sécurité et de l’efficacité de ces vaccins, bien que cela soit éthiquement pertinent et nécessaire, car cette évaluation est de la responsabilité des chercheurs biomédicaux et des agences de médicaments. Ici, notre objectif est seulement de considérer les aspects moraux de l’utilisation des vaccins contre la Covid-19 qui ont été développés à partir de lignées cellulaires dérivées de tissus obtenus à partir de deux fœtus qui n’ont pas été spontanément avortés.
- Comme l’indique l’Instruction Dignitas Personae, dans les cas où des cellules provenant de fœtus avortés sont employées pour créer des lignées cellulaires destinées à la recherche scientifique, « il existe différents degrés de responsabilité »[1] de la coopération au mal. Par exemple, « dans les organisations où des lignées cellulaires d’origine illicite sont utilisées, la responsabilité de ceux qui prennent la décision de les utiliser n’est pas la même que celle de ceux qui n’ont aucune voix dans cette décision »[2].
- En ce sens, lorsque des vaccins Covid-19 éthiquement irréprochables ne sont pas disponibles (par exemple, dans les pays où les vaccins ne présentant pas de problèmes éthiques ne sont pas mis à la disposition des médecins et des patients, ou lorsque leur distribution est plus difficile en raison de conditions de stockage et de transport particulières, ou encore lorsque différents types de vaccins sont distribués dans un même pays mais que les autorités sanitaires ne permettent pas aux citoyens de choisir le vaccin avec lequel ils souhaitent être inoculés), il est moralement acceptable de recevoir des vaccins Covid-19 qui ont utilisé des lignées cellulaires provenant de fœtus avortés dans leur processus de recherche et de production.
- La raison fondamentale pour laquelle l’utilisation de ces vaccins est considérée comme moralement licite est que le type de coopération au mal (coopération matérielle passive) dans l’avortement provoqué d’où proviennent ces lignées cellulaires est, de la part de ceux qui utilisent les vaccins résultants, éloigné. Le devoir moral d’éviter une telle coopération matérielle passive n’est pas obligatoire s’il existe un danger grave, comme la propagation autrement incontrôlable d’un agent pathologique grave[3] – dans ce cas, la propagation pandémique du virus SARS-CoV-2 qui cause la Covid-19. Il faut donc considérer que, dans un tel cas, toutes les vaccinations reconnues comme cliniquement sûres et efficaces peuvent être utilisées en toute bonne conscience, avec la certitude que l’utilisation de ces vaccins ne constitue pas une coopération formelle avec l’avortement d’où proviennent les cellules utilisées pour la production des vaccins. Il convient toutefois de souligner que l’utilisation moralement licite de ces types de vaccins, dans les conditions particulières qui la rendent telle, ne constitue pas en soi une légitimation, même indirecte, de la pratique de l’avortement, et suppose nécessairement l’opposition à cette pratique de la part de ceux qui font usage de ces vaccins.
- En effet, l’utilisation licite de ces vaccins n’implique pas et ne doit en aucun cas impliquer une caution morale à l’utilisation de lignées cellulaires issues de fœtus avortés[4] Les entreprises pharmaceutiques comme les agences gouvernementales de santé sont donc encouragées à produire, approuver, distribuer et proposer des vaccins éthiquement acceptables qui ne posent de problèmes de conscience ni aux soignants ni aux personnes à vacciner.
- En même temps, la raison pratique rend évident que la vaccination n’est pas, en règle générale, une obligation morale et que, par conséquent, elle doit être volontaire. En tout cas, du point de vue éthique, la moralité de la vaccination dépend non seulement du devoir de protéger sa propre santé, mais aussi du devoir de poursuivre le bien commun. En l’absence d’autres moyens pour arrêter ou même prévenir l’épidémie, le bien commun peut recommander la vaccination, surtout pour protéger les plus faibles et les plus exposés. Ceux qui, cependant, pour des raisons de conscience, refusent les vaccins produits avec des lignées cellulaires provenant de fœtus avortés, doivent faire tout leur possible pour éviter, par d’autres moyens prophylactiques et un comportement approprié, de devenir des vecteurs de transmission de l’agent infectieux. En particulier, ils doivent éviter tout risque pour la santé de ceux qui ne peuvent être vaccinés pour des raisons médicales ou autres, et qui sont les plus vulnérables.
- Enfin, il existe également un impératif moral pour l’industrie pharmaceutique, les gouvernements et les organisations internationales de veiller à ce que les vaccins, qui sont efficaces et sûrs d’un point de vue médical, ainsi qu’éthiquement acceptables, soient également accessibles aux pays les plus pauvres d’une manière qui ne soit pas coûteuse pour eux. Le manque d’accès aux vaccins, sinon, deviendrait un autre signe de discrimination et d’injustice qui condamne les pays pauvres à continuer à vivre dans la pauvreté sanitaire, économique et sociale[5].
Le Souverain Pontife François, lors de l’Audience accordée au soussigné Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 17 décembre 2020, a examiné la présente Note et en a ordonné la publication.
Rome, des bureaux de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 21 décembre 2020, Mémorial Liturgique de Saint Pierre Canisius.
Luis F. Card. Ladaria, S.I.
Préfet
+ S.E. Mons. Giacomo Morandi
Archevêque titulaire de Cerveteri
Secrétaire
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[1] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Dignitas Personae (8 décembre 2008), n. 35 ; AAS (100), 884.
[2] Ibid., 885.
[3] Cfr. Académie Pontificale pour la Vie, » Réflexions morales sur les vaccins préparés à partir de cellules provenant de fœtus humains avortés « , 5 juin 2005.
[4] Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction. Dignitas Personae, n. 35 : « Lorsque l’action illicite est cautionnée par les lois qui réglementent la santé et la recherche scientifique, il est nécessaire de se distancier des aspects néfastes de ce système afin de ne pas donner l’impression d’une certaine tolérance ou d’une acceptation tacite d’actions gravement injustes. Toute apparence d’acceptation contribuerait en effet à l’indifférence croissante, voire à l’approbation, de ces actions dans certains milieux médicaux et politiques.’’
[5] Cfr. François, Discours aux membres de la fondation « Banco Farmaceutico », 19 septembre 2020.