Le 16 septembre 2021
Aux prêtres et aux diacres du diocèse de Pembroke
Ce seizième jour de septembre 2021
Chers confrères,
Ces derniers jours, on m’a demandé si les membres du clergé seraient autorisés à écrire une lettre demandant que des personnes soient exemptées de l’obligation de se faire vacciner pour leur emploi ou d’autres activités.
Après avoir beaucoup prié et réfléchi sur la question et après avoir consulté mes aviseurs, j’ai décidé de ne pas signer de lettres demandant des exemptions. Ma raison principale étant que depuis les récentes lois gouvernementales – et du Québec et de l’Ontario – qui obligent toute personne à présenter un passeport vaccinal dans certains lieux publics et qui autorisent tout employeur qui le désire à imposer les vaccins anti-COVID à leurs employés, les seules exemptions qui seront accordées aux non-vaccinés devront provenir de médecins et non de personnages religieux ou autres. Ces médecins seront également tenus de respecter les critères stricts d’exemption des autorités sanitaires. Par conséquent, une demande d’exemption signée par un évêque ou un pasteur n’aura pratiquement aucun effet, voire crédibilité aux yeux des autorités sanitaires, d’employeurs qui ont décidé de forcer leurs employés à se faire vacciner, ou de propriétaires de commerce qui doivent maintenant refuser toute personne qui ne possède pas de passeport vaccinal (ou d’exemption attestée par son médecin).
Je serai toujours un défenseur ardent du respect des droits de la personne et des choix qu’un individu fait après avoir soigneusement formé sa conscience, comme l’a toujours enseignée l’Église catholique depuis ses origines. C’est pourquoi j’invite toute personne, spécialement les chrétiens, à respecter la conscience des autres, tant celle de ceux qui ont décidé de se faire vacciner, que celle de ceux qui ont opté pour ne pas l’être pour des raisons personnelles ou morales.
Nous, chrétiens, vivons actuellement dans une société et une culture déchristianisée et sécularisée, contrairement à ce que nos ancêtres et certains d’entre nous ont connu il n’y a pas si longtemps. Malgré tout, je vous encourage à poursuivre fidèlement votre témoignage de foi et d’amour de Dieu et du prochain dans ce monde sécularisé et souvent déchristianisé qui nous entoure et qui fait pression sur nous de mille et une façons.
La tentative du clergé d’intervenir dans les relations employeur-employé peut avoir des conséquences juridiques soit pour le prêtre/diacre, soit pour le diocèse.
À cause des raisons évoquées plus haut, je ne vous autorise pas à signer des lettres d’exemptions aux personnes qui en feront la demande. En vos propres mots, exprimez-leur les raisons que j’expose dans cette lettre pour justifier ma décision. Vous pourrez aussi leur remettre le document ci-joint du Vatican qui rappellera à leur employeur que le respect de la conscience bien formée de tout individu doit toujours être respecté par quiconque. Il s’agit d’un droit fondamental que notre Sainte Mère l’Église a toujours promu. Bien que le document romain finisse par recommander (et non imposer) les vaccins anti-COVID, il reconnait aussi explicitement le droit de tout individu d’être respecté dans ses choix de conscience, entre autres s’il a décidé de ne pas être vacciné. Cette approche plus modérée envers ceux qui vous feront une demande d’exemption pourrait finalement s’avérer plus efficace que si ces premiers présentaient à leur employeur une lettre d’exemption signée par l’évêque ou leur pasteur.
Merci pour l’attention et la compréhension que vous porterez à cette missive.
Veuillez agréer, chers confrères, l’expression de vœux les meilleurs ainsi que l’assurance de ma prière fraternelle.
+ Guy Desrochers, c.ss.r.
Évêque de Pembroke