Le 11 janvier 2022
Ah! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais…
Chers frères et sœurs,
La fête du baptême de Jésus que nous avons célébré dimanche dernier vient clôturer le cycle de Noël. Nous commençons maintenant le cycle du « temps ordinaire ». Permettez-moi d’élaborer un peu sur le sens profond de la fête que nous venons de célébrer dimanche dernier, car elle n’est pas simplement la fin d’un cycle, mais l’introduction mystique du prochain cycle.
Parmi les quatre évangélistes, saint Luc est celui qui donne le plus d’importance aux prières de Jésus. Dans l’évangile que nous avons entendu ce dernier dimanche, il insiste sur le fait que Jésus priait après avoir été baptisé, et qu’à ce moment même, le ciel s’ouvrit et l’Esprit Saint descendit sur lui sous la forme d’une colombe. Ne doit-on pas y déceler une allusion ou une référence directe aux paroles du prophète Isaïe qui écrivait au chapitre 63, v. 19b : « Ah! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais… »?
Lorsque Jésus est baptisé au Jourdain, remarquons en premier lieu que c’est la Trinité toute-entière qui se manifeste publiquement lors de cet événement. Toujours selon saint Luc, Elle le fait après avoir symboliquement déchirée les cieux : l’Esprit descend du ciel sous la forme d’une colombe et vient se poser sur Jésus; et la voix du Père se fait simultanément entendre à tous les disciples qui entourent Jésus et les invite à écouter son Fils bien-aimé qui est venu du ciel. Comprenons que dans cette manifestation, Dieu veut nous montrer l’ardent désir des trois Personnes divines de nous réintroduire dans leur intimité et dans la patrie céleste à laquelle nous avons tous été appelés et invités depuis la fondation du monde.
Après avoir été baptisé et revêtu visiblement de la puissance de l’Esprit Saint, Jésus apparaît maintenant non seulement comme celui qui est à la fois Fils de l’homme et Fils de Dieu, mais il devient du même coup notre grand pontife, ce « pont » humain et divin qui rétablit le contact autrefois perdu entre Dieu et les hommes depuis la désobéissance de nos premiers parents. Quel grand mystère que celui du baptême de Jésus au Jourdain!
Mais il y a plus : on peut se demander pourquoi l’Esprit Saint s’est-il manifesté sous la forme d’une colombe? Premièrement parce que la colombe représente un des oiseaux les plus doux, les plus purs et les plus proches de l’être humain. Trois valeurs que nous pouvons attribuer sans conteste à l’Esprit Saint. Deuxièmement, c’est par l’envoi et le retour d’une colombe que Noé a été averti que le déluge était maintenant terminé et que la terre avait dorénavant été purifiée de tous ses vices et impuretés commis par les hommes qui avaient perdu Dieu de vue. L’ère d’un renouveau physique et spirituel planait à l’horizon, comme l’Esprit de Dieu avait plané au-dessus des eaux autrefois au tout début de la création. L’Esprit Saint choisit de prendre la forme d’une colombe, car Il se propose de rétablir la paix dans le cœur des hommes et femmes de bonne volonté, c’est-à-dire en tous ceux et celles qui acceptent librement de répondre à la douce invitation de la Trinité de venir habiter au plus profond d’eux-mêmes.
Pour conclure, j’attire votre attention sur un dernier élément : le sens du rituel du baptême chrétien qui est préfiguré dans cet événement. Le mot « baptême » vient du grec et signifie « plonger ». Être plongé sous l’eau pendant une trop longue période de temps entraînerait inévitablement la mort d’une personne. Voilà pourquoi plusieurs confessions chrétiennes, y compris l’Église catholique à certaines occasions, recourent souvent au baptême par immersion, car il signifie que la personne doit accepter de mourir à elle-même, à ses désirs égoïstes ou mondains, afin d’entrer un jour dans la terre promise où l’amour de Dieu et du prochain règnera éternellement. La fête du baptême de Jésus nous invite ainsi à entrer dans ce dynamisme, ce tourbillon ou spirale qui nous entraîne à suivre jusqu’au bout l’auteur même du baptême, Jésus notre Maître et Seigneur, qui est devenu le pont entre Dieu et l’humanité pécheresse.
Bonne méditation.
Sincèrement vôtre dans le Christ Rédempteur,
+Guy Desrochers, C.Ss.R.
Évêque de Pembroke