Évêché de Pembroke
Mardi le 22 décembre 2020
Chers confrères, chers collègues,
La décision que le gouvernement d’Ontario vient de prendre aujourd’hui et qui nous oblige à réduire nos liturgies à un maximum de 10 personnes (incluant le prêtre) pour les prochains 28 jours à partir du 26 décembre 2020, nous contraint encore une fois à limiter de façon radicale le nombre de nos fidèles qui pourront recevoir la sainte eucharistie ou les autres sacrements. J’en suis grandement désolé, soyez-en assurés, car nos rassemblements contribuent à nous faire grandir ensemble dans l’unité, la fraternité et la charité qui prennent leur source dans le divin cœur du Père et du Fils.
En juillet dernier, je vous ai fait parvenir une lettre dans laquelle je vous invitais à observer le plus fidèlement possible les directives de nos autorités gouvernementales et sanitaires. Je tiens à vous remercier sincèrement pour tous les efforts et les sacrifices que vous avez faits depuis ce temps dans chacune de nos paroisses et qui ont contribué à prévenir et à diminuer considérablement toute propagation du virus. À peu près aucune autre organisation ou commerce fréquenté par le grand public, n’offre autant de moyens pour prévenir la propagation du virus : décontamination systématique des lieux après chaque service religieux; utilisation de produits désinfectants pour les mains; port du masque en entrant, en sortant et en recevant la communion dans la main seulement, sauf pour quelques rares exceptions; délimitation physique des endroits où l’on peut s’assoir afin de maintenir la distanciation sociale de 2 mètres; élimination de tous les livrets de chants ou même de l’eau bénite pour éviter de possibles contaminations; bénévoles ou employés formés pour éduquer et pour guider les fidèles qui pénètrent dans les lieux; invitation courtoise à signer le registre des participants à chacune de nos célébrations liturgiques; élimination des chorales et des chants où le risque de contagion s’avère plus grand; entraînement et éducation souvent renouvelé pour s’habituer aux nouvelles façons de procéder; élimination de la façon traditionnelle de se donner la paix; et j’en passe.
Ce qui revient à dire que si nous continuons de respecter toutes les mesures sanitaires recommandées par les autorités, nous en arriverons éventuellement à être reconnus par ces autorités comme étant l’un des endroits les plus sécuritaires où un public peut se rassembler en temps de pandémie. J’estime que le plus grand défi qui nous reste à surmonter, c’est d’en arriver à convaincre nos autorités que nos lieux de culte sont vraiment des endroits dits « essentiels », au même titre et sinon plus que les chaînes alimentaires ou que les sociétés des alcools. Nos églises ne doivent plus être fermées dans l’avenir, car elles sont réellement essentielles au bien-être psychologique et spirituel des gens, surtout lorsqu’ils vivent des périodes d’insécurité et d’angoisse dans les moments de grandes épreuves.
Aujourd’hui, j’attire votre attention sur certains règlements et mesures sanitaires qui ont évolué depuis le début de la crise, et que les autorités sanitaires du Comté de Renfrew nous invitent à adopter dès qu’il nous sera possible. Ces directives m’ont été communiquées directement hier par le gérant de la RCDHU, M. David Tantalo. Je l’ai assuré qu’il verrait mon message avant publication, afin que ce dernier puisse l’approuver avant que je vous le transmette.
Dans mon dernier message envoyé à la fin juillet, j’écrivais que nous devions entrer dans l’église en portant le masque et que nous pouvions l’abaisser une fois arrivés dans notre banc, puisque nous observions à ce moment la distanciation physique. Nous devions également le porter avant et après avoir reçu la communion dans la main, et le porter à nouveau en sortant de l’église. À présent, la RCDHU nous demande de porter le masque tout au long de la célébration, pas seulement à certains moments. Je suppose que la hausse inquiétante du nombre de cas dans certaines régions de l’Ontario vient jouer ici un rôle important dans cette nouvelle requête, même si notre région ne connaît pas actuellement de sérieux risque d’explosion de nouveaux cas. Le but de cette demande s’appuie sans doute sur le fait qu’à cause du présent confinement dans les régions à hauts risque comme Toronto, on s’inquiète de la possible mouvance de ces gens qui viendraient participer à nos liturgies pour le simple fait qu’ils pourraient alors bénéficier et participer à nos célébrations eucharistiques. Alors en confinant tous les secteurs à la fois dans le sud de l’Ontario (nous sommes de cette catégorie!), comme le gouvernement vient de le faire hier, le facteur risque de contamination diminue considérablement selon eux, car on évite la mouvance de gens provenant de l’extérieur.
Lorsque les fidèles entrent dans l’église, supposant qu’une personne ne porte pas de masque, la RCDHU invite nos bénévoles à leur demander : « Êtes-vous capable de porter un masque? » Si la réponse est positive, il s’agit alors de lui offrir la possibilité de se procurer un masque gratuitement à l’endroit désigné dans l’église. J’ai cependant précisé clairement à M. Tantalo que les bénévoles ou les prêtres ne sont pas des policiers. Si la personne s’entête, on la laisse faire tout simplement. On ne doit pas lui faire de menaces ou l’invectiver avec des paroles non-courtoises. C’est pourquoi l’éloignement physique de nos paroissiens est si important dans la mesure où il constitue un autre niveau de protection. On doit aussi éviter de juger ceux qui ne portent pas de masque, car souvent ils ont des raisons médicales pour ne pas le porter. Je profite aussi de ce moment pour demander à ceux qui seraient tentés à un moment donné de porter une plainte à la RCDHU ou à l’évêque directement, de passer d’abord par le curé de la paroisse avant de loger cette plainte. La présente lettre que je vous fais parvenir aujourd’hui pourrait déjà contribuer à atténuer ou à élucider certaines tensions ou possibles critiques et jugements défavorables. J’invite les pasteurs à garder un certain nombre de copies de ma lettre dans l’église.
N’oublions pas que tous les autres éléments présents dans ma lettre précédente demeurent toujours en vigueur. Je pense ici en particulier à la question de la communion sur la langue. Durant le temps de la pandémie, je recommande à ceux qui préfèrent communier sur la langue de s’en abstenir jusqu’à nouvel ordre. Pour ceux qui auraient de sérieux problèmes de conscience avec la réception de la communion dans la main, je vous invite à procéder comme je l’ai indiqué déjà : attendez que tous ceux et celles qui communient dans la main l’aient d’abord reçu, et présentez-vous à la fin de la file seulement. Si votre curé a pris l’habitude de distribuer la communion dans les bancs, que ceux et celles qui désirent recevoir la communion sur la langue soient les derniers à la recevoir. Et j’ajoute que si le curé qui circule dans les bancs se rend compte qu’il a accidentellement touché la langue ou les lèvres du communiant, et ce malgré toutes ses précautions habituelles, qu’il aille immédiatement se purifier les mains avec de l’eau et du savon ou du désinfectant pour les mains avant de poursuivre son service. La santé publique a demandé que les mains soient purifiées après chaque personne recevant la Communion sur la langue. Souvenons-nous que j’ai également demandé aux prêtres de prévoir un certain nombre d’hosties plus grandes et coupées en deux avant le début de la célébration, pour les personnes susceptibles de vouloir malgré tout recevoir la communion sur la langue. On diminue ainsi considérablement la possibilité de faire une fausse manœuvre au moment de donner la communion.
Le RCDHU a également fait remarquer que le prêtre ou le ministre extraordinaire qui distribue la Sainte Communion peut également utiliser un écran facial par-dessus le masque lorsqu’il remplit cette fonction. Comme le font déjà de nombreux paroissiens, les communiants sont encouragés à s’écarter, à baisser leur masque puis à consommer l’Hostie pour réduire le contact face à face. En garantissant cette procédure, un écran facial ne serait pas nécessaire. Cela ne s’applique pas aux personnes qui communient sur la langue.
Merci encore une fois, chers confrères prêtres, diacres et fidèles qui avez, depuis le début de la pandémie, observé avec tant de minutie toutes les directives des autorités sanitaires et gouvernementales, même si certains parmi nous avons douté par moment ou continuons de douter de la véritable efficacité de certaines mesures sanitaires. Vous l’avez accompli avec zèle et persévérance pour le plus grand bien de nos communautés chrétiennes et pour le bien de la population en général. Ne cessons pas de nous centrer d’abord et avant tout sur la mission apostolique que le Christ nous confie, celle de le faire connaître et aimer ici et maintenant. En dépit et à cause de tous les obstacles qui se présentent à nous durant cette pandémie, ceux-ci feront ressortir davantage notre vraie nature de fils et de fille de Dieu. Notre patience, notre charité, notre paix et notre confiance en Dieu au beau milieu des épreuves deviendront des signes de la présence et de l’amour de Dieu pour ceux que nous côtoyons et que nous devons évangéliser par nos paroles et nos actes, par nos prières et le réconfort que nous pouvons leur apporter.
Que Dieu vous bénisse en ces temps de réjouissances et de festivités où nous célébrons la naissance de notre Sauveur,
+ Guy Desrochers, c.ss.r.
Évêque de Pembroke