Lettre pastorale – l’euthanasie

Évêché de Pembroke
Le 5 september 2016


Chers fidèles,

Les événements de la dernière année concernant l’euthanasie sont des plus troublants. Le 17 juin 2016, la Loi C-14 recevait la sanction royale et rendait légales au Canada l’euthanasie et l’aide au suicide. En appuyant l’euthanasie, des individus et des institutions ont négligé la valeur intrinsèque de la vie et miné la valeur fondamentale de la liberté de conscience. Faussetés et manipulations ont entaché le programme d’appui à l’euthanasie, ce qui a évidemment provoqué de graves frustrations chez nombre de personnes de bonne volonté.

Notre pays se trouve dans une situation tragique. Ce qui n’était pas imprévu. Je tiens à remercier les nombreuses personnes qui continuent de travailler à protéger la vie et qui interviennent pour rappeler le caractère sacré de la vie. Je veux aussi reconnaître le mérite de toutes les personnes héroïques qui ont dénoncé dans le passé la pente dangereuse sur laquelle s’est engagée notre société. Leurs mises en garde, lancées au milieu des quolibets, étaient justifiées.

Comme catholiques, nous croyons fermement que la vie est sacrée puisqu’elle a été créée par Dieu et qu’elle appartient à Dieu. Ma vie ne m’appartient pas. Je suis appelé à agir en intendant fidèle d’une vie que Dieu me donne pour que j’aime le Seigneur et mes frères et sœurs. D’où le caractère sacré de toute vie et le devoir pour les proches, les sociétés et les gouvernements de protéger, de soutenir et de soigner la vie, en particulier celle des plus vulnérables.

Dans les années qui viennent, l’Église va réagir à la nouvelle loi sur l’euthanasie en continuant d’exercer son ministère au nom de Jésus Christ auprès de toutes et de tous. Le soin sacramentel des malades et des mourants a toujours été et continuera d’être une grande priorité de la mission de l’Église. Comme toujours, ces sacrements seront offerts aux catholiques baptisés qui ont les dispositions voulues pour recevoir ces dons de la miséricorde de Dieu. Or il y a des circonstances où les prêtres catholiques doivent discerner les dispositions de ceux qui demandent à recevoir les sacrements.

Même si chaque cas individuel doit faire l’objet d’un discernement attentif, il est difficile d’imaginer une situation où l’on pourrait administrer le sacrement des malades, par exemple, à quelqu’un qui serait fermement résolu à obtenir l’aide au suicide. Après tout, le sacrement des malades est un sacrement de guérison spirituelle et parfois même physique. À l’inverse, l’euthanasie exclut toute possibilité de guérison. L’Église et ses ministres veulent être toujours présents aux personnes qui souffrent de quelque manière que ce soit, mais l’Église rejette en principe l’euthanasie, qu’elle juge incompatible avec le don des sacrements.

Dans le diocèse de Pembroke, plusieurs personnes ont la vocation de prodiguer des soins palliatifs, sur le plan professionnel ou comme bénévoles : c’est une grâce. J’ai eu le bonheur d’observer le dévouement de nos paroissiennes et de nos paroissiens qui se consacrent au ministère des soins palliatifs. Les « hospices » (ou centres de soins palliatifs) offrent des soins indispensables aux personnes qui franchissent les dernières étapes de la vie. Les soins prodigués aux mourants célèbrent et manifestent le caractère sacré de la vie. Le don divin de la vie y est aimé et chéri. Le mystère de la victoire de Dieu sur la mort devient une réalité précieuse pour ceux et celles qui affrontent la mort. Touchés par une communion profondément humaine, les membres de leur famille entrent dans le même mystère. Dans ce contexte, la pleine expression des sacrements de l’Église vient transformer la vie de toutes les personnes en cause.

Si quelqu’un parmi vous était tenté par les fausses promesses de l’euthanasie, je le conjure de résister aux faux attraits de ce qui peut paraître la voie la plus facile. Que la prière et le soutien de nos proches nous aident à apprécier et à désirer vivre l’exemple et la vie même de Jésus. La voie étroite est celle du Christ. Le disciple du Christ accepte la croix, qui fait partie intégrante de la vie humaine. La croix est la voie qui mène à la résurrection, à la vie éternelle et aux joies du paradis. Je suis profondément reconnaissant à l’Église pour sa façon d’accompagner ceux et celles qui partagent la croix du Christ. Le Seigneur nous donne l’exemple de tant de parents, de frères et sœurs, de religieux et religieuses, de diacres et de prêtres qui prennent soin de ceux et celles qui souffrent et qui vont bientôt mourir.

Mes chers amis, protégeons la vie et que le soin que nous prenons des malades et des mourants reste pour nous la meilleure façon de porter témoignage contre le mal de l’euthanasie.


†Michael Mulhall
Évêque de Pembroke

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