Lignes directrices pour la célébration des funérailles dans le Diocèse de Pembroke

Tel que décrétées par Mgr Richard W. Smith, le 11 juin 2006, en la Solennité de la Sainte Trinité.

I. Introduction

Le sens de la mort

La mort d’un proche est un moment douloureux dans la vie d’une famille et peut-être même d’une collectivité. Elle entraîne un sentiment de perte puisque ceux et celles qui ont partagé notre vie ne sont plus avec nous. La foi chrétienne, cependant, nous révèle le vrai sens de la mort et suscite l’espérance. La mort, pour le disciple du Christ, est la porte de la vie éternelle. Comme saint Paul nous le rappelle, même si nous sommes en deuil, la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts est pour nous source d’espérance et de réconfort (cf. 1 Thessaloniciens 4, 13-17)

Le rôle de l’Église

Le ministère pastoral de l’Église et son rituel des funérailles veulent replacer l’événement de la mort dans le contexte de notre foi chrétienne. Dans le Rituel des funérailles chrétiennes, où l’Église formule ses directives pour la célébration des funérailles, nous lisons ce qui suit :

  • À la mort du chrétien, dont la vie et la foi commencèrent dans les eaux du baptême et furent nourries à la table eucharistique, l’Église intercède au nom du défunt parce qu’elle sait dans la foi que la mort n’est pas le dernier mot et ne vient pas briser les liens forgés pendant l’existence.
  • L’Église exerce aussi son ministère auprès des personnes en deuil et leur offre lors de la célébration des funérailles la consolation de la Parole de Dieu et le sacrement de l’Eucharistie.
  • Par la célébration des funérailles, les chrétiens offrent à Dieu le culte, la louange et l’action de grâces pour le don de la vie qui retourne à Dieu, auteur de la vie et espérance des justes.
  • Par le rituel des funérailles, l’Église recommande les défunts à la miséricorde de Dieu et sollicite le pardon de leurs péchés.

Par le rituel des funérailles, notamment lors de la célébration du sacrifice eucharistique, la communauté chrétienne exprime l’union de l’Église d’ici-bas à l’Église du ciel dans la communion des saints. Quoique séparés de ceux qui restent, les morts n’en font pas moins un avec la communauté des croyants sur terre et peuvent bénéficier de leurs prières et de leurs intercessions. (RFC, 4-6)

 

II. Les rites funéraires de l’Église

Le Rituel des funérailles chrétiennes prévoit trois rites différents par lesquels l’Église intercède, console, rend grâces et exprime la foi chrétienne dans la vie éternelle et la communion des saints.

La veillée pour le défunt

L’Église propose des rites qu’on peut utiliser entre le moment du décès et la messe des funérailles. C’est pour l’Église la façon d’accompagner la famille dans la prière et de l’aider à traverser la première période d’adaptation après la mort d’un être cher en offrant aux proches le réconfort et l’espérance de la foi chrétienne. Ces prières se font normalement au salon funéraire, en présence de la famille, des amis et des membres de la communauté paroissiale.

La liturgie des funérailles

Quand décède l’un des siens, l’Église tient à ce que la famille et les amis du défunt se réunissent avec des membres de la communauté paroissiale pour la célébration de la messe des funérailles. Celle-ci se déroule à l’église paroissiale. Nous sommes soutenus par l’Écriture qui proclame que Jésus Christ est ressuscité des morts et par la présence eucharistique de notre Seigneur dont le passage de la mort à la vie est source d’espérance pour tous ceux et celles qui meurent en croyant en Lui.

Le rite d’inhumation

Les rites funéraires se terminent par le rite de l’inhumation, célébré à l’endroit de la sépulture. La famille et d’autres membres de l’Église posent dans la prière un dernier geste de respect envers le corps de l’être cher, qui ressuscitera au dernier jour conformément à la promesse du Christ.

 

III. Lignes directrices pour la célébration de la liturgie des funérailles

Au fil des années, à mesure notamment que la société s’est sécularisée, diverses pratiques ont surgi qui masquent et remplacent même parfois la perspective chrétienne sur la mort. D’où la nécessité de certaines lignes directrices qui préservent et soulignent le caractère chrétien des rites funéraires et qui peuvent ainsi donner à nos gens une réelle consolation et une véritable espérance lorsque disparaît un être cher.

On ne saurait trop recommander aux membres de la famille de prendre contact avec le curé de la paroisse le plus tôt possible après le décès d’un proche afin de préparer la célébration des funérailles selon la politique du diocèse. Le prêtre est prêt à rencontrer et à soutenir la famille pour lui offrir la consolation qui vient de la foi et lui exprimer l’appui et la sympathie de toute la communauté paroissiale.

Le lieu des funérailles

L’église de la communauté paroissiale à laquelle appartenait le défunt est le lieu qui convient pour la liturgie des funérailles. Normalement, on célèbrera la messe des funérailles. Pour des raisons d’ordre pastoral, le curé pourra décider qu’il vaut mieux célébrer une liturgie de funérailles sans messe. Il convient que cette célébration de la Parole se déroule, elle aussi, à l’église paroissiale. Dans des circonstances exceptionnelles, et à la seule discrétion du curé, on pourra avoir au salon funéraire une célébration funéraire sans Eucharistie. On ne pourra toutefois en aucunes circonstances célébrer la messe des funérailles en dehors de l’église. Si la liturgie des funérailles se déroule au salon funéraire, on fera tout son possible pour la célébrer selon les rites officiels de l’Église.

Messes des funérailles le dimanche

Le premier jour de la Semaine, jour du Seigneur Jésus, Dieu notre Père convoque son peuple pour qu’il chante ses louanges. Le dimanche occupe une place unique dans la liturgie chrétienne. C’est le jour où toute la communauté se rassemble pour célébrer l’Eucharistie en communion avec l’Église universelle. Ce jour-là, la messe doit être célébrée en suivant les lectures et les prières prescrites par le calendrier liturgique de l’Église. C’est pourquoi il ne convient pas d’avoir, ce jour-là, des célébrations particulières comme des messes de funérailles.

Au Canada on peut célébrer les messes des funérailles tous les jours de l’année sauf le dimanche, le jour de Noël, le Jour de l’An, le Jeudi saint et pendant le Triduum pascal (de la célébration de la Cène du Seigneur au dimanche de Pâques inclusivement).

Les symboles de notre foi

La liturgie des funérailles fait appel à des symboles aussi simples que puissants pour exprimer notre foi en la résurrection. On allume le cierge pascal pour montrer que le Christ est la lumière qui chasse les ténèbres du péché et de la mort ; on asperge de l’eau bénite pour rappeler la vie nouvelle du baptême ; et on recouvre le cercueil d’un drap mortuaire de couleur blanche pour symboliser la dignité chrétienne de tous les baptisés. Quand la dépouille mortelle est portée à l’Église, on retire les symboles qui ont pu décorer le cercueil, drapeaux nationaux ou insignes d’associations auxquelles le défunt a appartenu, pour y déposer le vêtement blanc. On symbolise de cette façon l’insurpassable dignité conférée par le baptême et l’égalité fondamentale de tous et toutes devant Dieu. Il est préférable d’exposer les insignes et autres objets, telles les photos, au salon funéraire pendant les heures de visite ou au centre paroissial lors de la réception qui suit la messe. Avec la permission du curé, on pourra aussi les exposer dans l’église, à un endroit convenable, mais en veillant à ce qu’ils n’empiètent pas sur le symbolisme fondamental du drap mortuaire et du cierge pascal, qui servent à souligner la dignité baptismale du défunt, statut qui surpasse toutes les réalisations ou les associations terrestres.

Il ne doit pas y avoir à l’église de présentations « PowerPoint », de diaporamas, de vidéos ou autres projections.

Les textes de l’Écriture

Les lectures de la messe sont toujours tirées de l’Écriture sainte. La Parole de Dieu annonce la foi chrétienne en la vie ressuscité : elle rappelle que nous devons affronter la mort, que le Christ a vaincu la mort et que sa victoire peut devenir la nôtre. Pendant la liturgie des funérailles, on ne peut lire que des passages de l’Écriture sainte. Si on le souhaite, on pourra faire la lecture de textes poétiques, spirituels ou philosophiques au salon funéraire, après le rite de l’inhumation ou durant la réception suit la messe.

Les éloges funèbres aux funérailles

Les catholiques seront peut-être surpris d’apprendre, en préparant la liturgie des funérailles, que l’éloge funèbre n’y est pas permis et qu’il n’y a rien dans le rituel qui prévoie qu’un membre de la famille ou un ami prononce un éloge funèbre. L’introduction générale au Rituel chrétien des funérailles indique clairement que l’homélie qui suit la lecture de l’Évangile ne doit jamais être un éloge funèbre. Les éloges funèbres forment souvent un élément important des funérailles non catholiques, mais les catholiques devraient comprendre qu’elles ne font pas partie de la tradition ou de la liturgie catholique.

Les mots « éloges funèbres » désignent un discours ou un écrit qui fait l’éloge de quelqu’un, et notamment d’une personne décédée. Quand nous nous rassemblons comme assemblée chrétienne pour la messe des funérailles, nous offrons nos louanges à Dieu le Père, qui nous a donné la vie éternelle en son Fils et qui montre sa miséricorde à ceux et celles qui meurent en croyant en Jésus. Dans les funérailles chrétiennes, nous ne nous réunissons pas pour rendre hommage aux défunts mais pour prier pour eux. C’est pourquoi on n’y prononce pas d’éloge funèbre.

L’exclusion de l’éloge funèbre n’entraîne pas qu’on puisse faire référence à la personne décédée pendant l’homélie. Ceux qui prêchent sont invités à traiter de l’amour de compassion de Dieu et du mystère pascal proclamés dans les textes de l’Écriture. On les invite aussi à songer au deuil des personnes présentes et à les aider à discerner le mystère de l’amour de Dieu et le mystère pascal dans la vie du défunt et dans leur propre vie. Les références à la vie de foi et à l’amour de la personne décédée sont donc tout à fait appropriées. Ce sont les éloges solennels au sens strict du mot, sans allusion à la vie chrétienne et enflés parfois jusqu’à l’excès, qui n’ont pas leur place dans une célébration liturgique.

Il est naturel que les proches du défunt veuillent intervenir publiquement en mémoire de celui ou celle qu’ils aimaient. Ils peuvent très bien le faire à la veillée de prière au salon funéraire, lors de l’inhumation au cimetière ou durant la réception qui suit la célébration liturgique. À ces occasions, plusieurs personnes pourront intervenir et partager leurs souvenirs. Les familles aimeront peut-être annoncer cette façon de procéder au moment de rédiger l’avis de décès.

La musique

La musique exerce sur nous une influence puissante et apaisante pendant la célébration liturgique. Si les funérailles se déroulent à l’intérieur d’un temps liturgique particulier (Avent, Carême, Noël, Pâques), il conviendra de choisir des chants qui y font écho et de relier ainsi la mort du défunt au cycle de l’année liturgique de l’Église. Toute pièce musicale interprétée à l’église doit être de caractère liturgique. La musique profane ou enregistrée ne convient pas à l’église. Le choix des chants devra se faire en dialogue avec le prêtre qui présidera et avec les personnes responsables de la musique dans la paroisse.

La crémation

Même si l’Église continue de préférer que la dépouille mortelle soit inhumée, pour la manière dont le Christ a été enseveli, on autorise les catholiques à se faire incinérer. Si l’on a fait ce choix, l’Église encourage fortement les catholiques à procéder à la crémation après la célébration de la messe des funérailles chrétiennes. Cela permet de célébrer tous les rites funéraires en présence du corps, hautement honoré dans la tradition chrétienne en tant que temple de l’Esprit Saint. D’ailleurs, lorsque la crémation se fait immédiatement après le décès, on enlève à la famille la possibilité importante sur le plan psychologique, de prendre congé de celui ou celle qu’elle aimait.

Par respect pour le corps du défunt et dans l’attente de la résurrection de la chair, l’Église demande d’inhumer tous les restes incinérés. En conservant les restes de la personne à un endroit précis, on aide la famille et les amis, ainsi que toute l’Église, à se rappeler le défunt et à prier pour lui. Un tel site permet de fixer le souvenir du défunt, par exemple, au moyen d’une plaque portant des noms et des dates. Le fait de répandre les cendres sur l’eau, dans l’air, sur le sol, ou de les diviser en les déposant à différents endroits, ou de les garder à la maison ne témoigne pas le respect et l’espérance chrétienne qui conviennent ; il faut donc s’en abstenir.

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