Article – L’évangélisation en une phrase: « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! » (Psaume 34,9)

L’évangélisation invite les gens à rencontrer le Christ d’une manière transformatrice, à goûter la bonté de Dieu, comme l’exprime le Psaume 34,9 : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! ».

Une telle approche est essentielle, car elle va au-delà de la simple adhésion intellectuelle pour offrir une expérience vécue de la foi. Le Pape François souligne que « La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. » (EG, 264, italiques ajoutés). 

La Bible réitère cette invitation expérientielle en divers passages. En Jean 1:39, Jésus dit aux disciples : « Venez, et vous verrez. » Cette invitation personnelle est fondamentale pour l’évangélisation. De même, en Matthieu 11,28, Jésus exhorte : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » Ces deux instances soulignent l’importance de la rencontre personnelle, faisant écho à l’appel du Psaume 34,9.

L’évangélisation consiste également à témoigner de la bonté de Dieu par notre vie. La déclaration du Psalmiste implique un témoignage vécu de la bonté de Dieu. Cela fait écho à la proclamation de l’apôtre Pierre qui exhorte les croyants « que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ. » (1 Pierre 3:15). Ici, l’acte de témoigner ne se limite pas à la proclamation verbale mais à vivre d’une manière qui reflète et communique l’amour de Dieu aux autres.

Le magistère renforce cette approche. Dans Redemptoris Missio, Saint Jean-Paul II affirme : « Le témoignage d’une vie chrétienne est la première et irremplaçable forme de mission » (RM, 42). Une évangélisation authentique implique donc de vivre d’une manière telle que les autres puissent voir et expérimenter la bonté du Seigneur à travers nos actions.

Le Psaume 34,9 invite aussi à une expérience communautaire. L’évangélisation, en effet, devrait favoriser la communauté et la communion. Les Actes des Apôtres 2,42-47 décrivent la première communauté chrétienne comme une communauté dévouée à l’enseignement, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et à la prière. Cette vie communautaire était un puissant témoignage de la bonté de Dieu, attirant de nombreuses personnes vers le Christ.

Le Pape François, dans Evangelii Gaudium, souligne cet aspect communautaire de l’évangélisation : « L’Église ‘en sortie’ est la communauté de disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent » (EG, 24). L’évangélisation devrait bâtir des communautés où les gens peuvent collectivement « goûter et voir » la bonté du Seigneur, l’expérimenter à travers une fraternité partagée.

Bien que le témoignage personnel et la communauté soient vitaux, la proclamation de la Parole est tout aussi cruciale. Saint Paul dans sa lettre aux Romains (10,14) demande : « Or, comment l’invoquer, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? » Ceci souligne l’importance de proclamer verbalement l’Évangile.

L’invitation à « goûter et voir » a aussi des implications eucharistiques profondes. L’Eucharistie est l’expérience ultime de la bonté de Dieu, où les croyants « goûtent » littéralement le corps du Christ et « voient » son amour sacrificiel. En Jean 6,51, Jésus déclare : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Cette expérience sacramentelle est au cœur de l’évangélisation, car elle nourrit et transforme continuellement les croyants. Le Pape Benoît XVI, dans Sacramentum Caritatis, affirme : « L’Église tire sa vie du Christ dans l’Eucharistie ; c’est par lui qu’elle est nourrie et qu’elle est éclairée » (SC, 6). L’évangélisation jaillit de ce cœur eucharistique, invitant les baptisés à la table du Seigneur où ils peuvent goûter la bonté du Seigneur de la manière la plus profonde et intime.

L’évangélisation met également l’accent sur la miséricorde et la compassion. Expérimenter la bonté de Dieu pousse les croyants à étendre Sa miséricorde aux autres. Le ministère de Jésus était marqué par des actes de compassion et de miséricorde, comme en témoigne Matthieu 9,36 : « Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu’elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n’ont point de berger. » Cette compassion est un aspect vital de l’évangélisation, démontrant l’amour de Dieu de manière tangible.

Le Pape François, dans Misericordiae Vultus, la Bulle d’indiction pour le Jubilé de la Miséricorde, souligne l’importance de la miséricorde dans l’évangélisation : « La miséricorde est la voie qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché » (MV, 2). En incarnant la miséricorde, les évangélisateurs aident les autres à découvrir la bonté du Seigneur à travers des actes d’amour et de bonté.

Enfin, l’évangélisation devrait aussi être imprégnée de joie et d’espérance. La seconde partie du Psaume 34,9 évoque le bonheur de ceux et celles qui se réfugient en l’Éternel, suggérant une vie remplie de joie et de sécurité. Cette joie est un témoignage puissant de la bonté de Dieu. Saint Pierre écrit : « Vous l’aimez sans l’avoir vu, vous croyez en lui sans le voir encore, et vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse. » (1 Pierre 1,8) Le Pape François, dans Evangelii Gaudium, souligne la joie comme une marque de l’évangélisation : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement » (EG, 1). Une évangélisation joyeuse attire au le Christ.

Pour conclure, le Psaume 34,9 capture vraiment l’essence de l’évangélisation : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! ». L’évangélisation est une invitation faite aux autres à expérimenter personnellement et communautairement la bonté de Dieu. L’évangélisation va au-delà du simple acte de promouvoir nos croyances religieuses ; c’est interpeller les autres pour qu’ils connaissent et experimentent l’amour de Dieu et s’engagent sur un chemin de transformation personnelle par leur rencontre avec le Christ. En vivant une vie chrétienne authentique, en bâtissant des communautés solidaires, en proclamant la Parole, et en incarnant la compassion, la joie et la miséricorde, nous accomplissons cette mission divine et attirons les autres dans l’étreinte aimante du Père.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

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