Article – La Bienveillance : Une Perspective Chrétienne

Dans un monde bien souvent dominé par le cynisme, la division et l’égoïsme, un simple geste de bienveillance peut avoir un impact profond et positif sur les personnes qui nous entourent. Des enseignements bibliques aux conseils du Magistère, en passant par les vies des saints, nous trouvons un appel constant à la bienveillance et à la compassion. Se montrer bienveillant envers autrui constitue une voie d’évangélisation par excellence qui reflète la nature même de Dieu.

Les Fondements Bibliques de la Bienveillance

La Bible regorge d’exhortations à la bienveillance, souvent synonyme de l’amour véritable. Dans l’Ancien Testament, le prophète Michée résume succinctement les attentes divines : « On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu  » (Michée 6:8). Ici, la bienveillance n’est pas une simple option, mais un impératif divin.

Les enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament élèvent davantage le principe de bienveillance. Dans le Sermon sur la montagne, Il instruit : « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5:44-45). Se montrer compatissant et pardonner à ses ennemis est peut-être la forme la plus radicale de bienveillance.

L’apôtre Paul, dans son épître aux Éphésiens, souligne également l’importance de la bienveillance : « Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vous pardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » (Éphésiens 4:32). Ici, la bienveillance est directement liée à la valeur chrétienne fondamentale du pardon, indiquant que se montrer bienveillant est indissociable de la vie christique.

Le Magistère sur la Bienveillance

Le Magistère de l’Église catholique, son autorité enseignante, a constamment souligné l’importance de la bienveillance comme vertu chrétienne.  Le Pape François, dans son exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » (La Joie de l’Évangile), encourage les chrétiens à s’engager dans ce qu’il nomme une « révolution de la tendresse ». Il affirme : « L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile » (Evangelii Gaudium, 114). Cet appel à la tendresse et à la miséricorde se traduit directement par des actes quotidiens de bienveillance et de gentillesse envers autrui, créant une culture de compassion au sein de l’Église et au-delà.

Les Leçons des Vies des Saints

Les vies des saints illustrent de manière concrète le pouvoir de la bienveillance. Sainte Thérèse de Lisieux  l’a illustré à travers sa « petite voie ». Elle croyait que même les plus petits gestes, accomplis avec un grand amour, pouvaient transformer le monde. Sa vie fut le témoignage que la grandeur aux yeux de Dieu provient souvent d’actions humbles et aimantes.

Saint François d’Assise est un autre exemple lumineux. Sa bienveillance s’étendait à toute la Création, reflétant son profond amour pour Dieu et ses semblables. 

Mère Teresa de Calcutta est une sainte dont la vie fut un phare de bienveillance. Son travail inlassable auprès des plus pauvres en Inde a démontré le pouvoir transformateur de la compassion. Elle a dit de manière fameuse : « Nous ne pouvons pas tous faire de grandes choses. Mais nous pouvons faire de petites choses avec un grand amour. » 

La Bienveillance comme Moyen d’Évangélisation

Être bienveillant envers les autres n’est pas seulement une vertu passive, mais une forme active d’évangélisation. Lorsque les chrétiens incarnent la bienveillance, ils reflètent la nature de Dieu, qui est Amour (1 Jean 4:8). Les actes de bonté peuvent briser les frontières et prédisposer les gens à accueillir le message de l’Évangile, d’une manière que les seuls discours ne peuvent pas atteindre.

Révéler la Beauté Intérieure

Au-delà du simple témoignage, la bienveillance permet de révéler la beauté intérieure des personnes. Là où la dureté et le mépris voilent la dignité humaine, la bienveillance fait briller la splendeur de l’âme créée à l’image divine. Un geste bienveillant peut réveiller l’espoir et la joie chez ceux qui se sont perdus dans les ténèbres du désespoir.

La bienveillance est une lumière qui dissipe les ombres de la peur, de la solitude et du doute. En traitant chaque personne avec douceur et respect, nous honorons leur valeur inestimable aux yeux du Créateur. Par de menus actes de compassion, nous devenons les instruments de la grâce divine, semant les germes de la transformation dans les cœurs las.

Un Chemin Vers la Sainteté

Pour le chrétien sincère, la voie de la bienveillance n’est pas simplement un idéal lointain, mais un sentier concret vers la sainteté. En faisant preuve de bonté, de patience et de pardon envers nos prochains, nous incarnons les vertus mêmes du Christ. Chaque occasion de bienveillance est une invitation à croître en union avec le Divin.

La sainteté n’est pas réservée aux grands héros de la foi, mais se cultive dans les gestes humbles du quotidien. Lorsque nous accueillons chaleureusement l’étranger, écoutons avec compassion celui qui souffre, ou pardonnons à celui qui nous a offensés, nous marchons sur les traces du Sauveur lui-même.

En somme, la bienveillance est bien plus qu’une simple vertu ; c’est une voie d’évangélisation, de transformation intérieure et de sainteté. En cultivant un esprit bienveillant, nous devenons des reflets de l’amour inconditionnel de Dieu, répandant la lumière de l’Évangile dans un monde assoiffé de compassion et d’espérance.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

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