Article – La Parabole du Sage Propriétaire

Il était une fois un riche propriétaire qui possédait de nombreux chevaux. Ses terres s’étendaient à perte de vue et son puits était profond, fournissant suffisamment d’eau pour tout son troupeau. Chaque jour, les employés chargés de s’occuper des chevaux menaient les chevaux au puits, et ces derniers étaient robustes et en pleine santé.

Mais un jour, le climat commença à changer. Les températures commencèrent à grimper et la pluie se fit de plus en plus rare. Les prairies, autrefois verdoyantes, se desséchèrent, et les chevaux peinaient à trouver de quoi boire et manger. Certains des chevaux âgés devenaient faibles et ne pouvaient plus se rendre au puits comme avant. En parallèle, des chevaux sauvages commençaient à errer dans les champs — des animaux qui ne connaissaient pas le propriétaire et n’avaient jamais appris à boire à son puits.

Inquiets, les employés chargés de s’occuper des chevaux vinrent trouver le propriétaire : « Patron, le climat a changé, et nos chevaux s’affaiblissent. Certains ne viennent plus au puits, et ces chevaux sauvages — comment pourrons-nous les soigner ? »

Le propriétaire réfléchit un moment et déclara : « L’époque où les chevaux venaient naturellement au puits est révolue. La terre a changé, et nous devons nous adapter. Il ne suffit plus de les attendre. Certains de mes chevaux ne peuvent plus faire le trajet, et ces chevaux sauvages ne viendront que si on les invite. Nous devons agir. »

Il rassembla alors ses employés chargés de s’occuper des chevaux  : « Je ne vais pas seulement m’occuper des chevaux qui viennent encore au puits. Je veux que vous alliez chercher ceux qui sont fatigués et affaiblis pour leur apporter de l’eau. Quant aux chevaux sauvages, vous devez partir dans les plaines, au-delà des clôtures, et les guider délicatement vers le puits. Même s’ils sont sauvages, ils ont soif comme les autres, et mon puits a assez d’eau pour tous. »

Les employés chargés de s’occuper des chevaux, perplexes, demandèrent : « Mais comment les trouverons-nous ? Comment les ferons-nous boire ? »

Le propriétaire sourit et répondit : « Allez avec patience et sagesse. Certains chevaux boiront si vous leur apportez l’eau. D’autres devront être conduits doucement, même si cela prend du temps. Pour les chevaux sauvages, certains résisteront, mais ne vous découragez pas. Montrez-leur que l’eau du puits est bonne, et ils apprendront à vous faire confiance. »

Ainsi, les employés chargés de s’occuper des chevaux partirent, non seulement pour s’occuper des chevaux qui venaient encore au puits, mais pour trouver ceux qui étaient perdus, fatigués ou sauvages. Ils transportaient l’eau jusqu’aux confins des champs et invitaient tous à boire. Et bien que le climat continuât de changer, le troupeau grandit, car le propriétaire n’avait pas gardé son puits pour lui, mais l’avait ouvert à tous ceux qui avaient soif, qu’ils le connaissent ou non.

Cette histoire peut être interprétée comme une métaphore de l’Église catholique au Canada, illustrant les défis et les opportunités auxquels elle fait face face au vieillissement de ses membres et à la présence de nombreuses personnes qui ne connaissent pas le Christ, qu’elles soient résidents locaux ou immigrants.

Les chevaux âgés, qui peinent à se rendre au puits, symbolisent les membres vieillissants de l’Église qui ont de plus en plus de difficultés à participer activement. Les chevaux sauvages représentent les individus au Canada qui ne connaissent pas le Christ.

Le propriétaire, qui figure l’Église, comprend que les méthodes traditionnelles ne suffisent plus pour répondre aux besoins actuels. Il décide d’envoyer ses employés chargés de s’occuper des chevaux — représentant les membres actifs de l’Église — pour aller chercher ceux qui sont fatigués et affaiblis, et pour guider doucement les nouveaux arrivants vers la foi.

Cette approche proactive montre que l’Église doit s’adapter aux changements démographiques et sociaux en allant à la rencontre des personnes en difficulté et des non-croyants, leur offrant soutien et accompagnement spirituel. En portant l’eau de la foi jusqu’aux confins les plus éloignés et en invitant tous à boire, l’Église peut continuer à croître et à répondre aux besoins spirituels de ses membres actuels ainsi que de ceux qui sont nouveaux dans la foi. Cette histoire sert de rappel poignant que la mission de l’Église ne se limite pas à sa communauté existante, mais s’étend à tous ceux et celles qui ont soif de nourriture spirituelle, quelle que soit leur origine ou leur familiarité avec le Christ.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

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