Article – La paroisse comme expression de l’amour de Dieu pour le monde

Face à la baisse de la fréquentation des églises et à une sécularisation croissante, l’Église catholique est invitée à repenser le rôle de la paroisse comme un avant-poste missionnaire, reflet de l’amour infini de Dieu pour tous (cf. Evangelii Gaudium, 28). Les statistiques sont alarmantes : la participation régulière à la messe s’effondre. Pourtant, cette crise offre à l’Église une occasion unique de revenir à ses racines évangélisatrices et de devenir une communauté vibrante, attirant tous les hommes et les femmes vers l’amour transformateur de Jésus-Christ.

Au cœur de ce renouveau, il est essentiel de reconnaître que la paroisse ne se limite pas à servir un petit nombre de fidèles habitués, mais qu’elle est appelée à être un phare d’espérance et un canal de l’amour divin pour tout le voisinage. Comme le souligne le pape François, les paroisses doivent passer d’une mentalité de simple gestion à une dynamique missionnaire, abandonnant le confort des pratiques figées pour se tourner activement vers ceux qui n’ont pas encore fait l’expérience de la joie de l’Évangile.

Ce mouvement missionnaire doit s’enraciner dans une vie de prière dynamique. Sans une prière constante et fervente – personnelle et communautaire – la paroisse ne pourra espérer une action évangélisatrice efficace. De l’adoration eucharistique aux groupes de prière et à l’intercession pour les besoins de la communauté, la paroisse doit cultiver une atmosphère de dépendance à l’Esprit Saint, convaincue que c’est Dieu, à travers le témoignage de son peuple, qui attire les cœurs à lui.

Fortifiée par la prière, la paroisse devient alors un lieu où les relations sont des vecteurs d’évangélisation. L’accent est mis sur chaque paroissien, appelé à adopter une posture d’ouverture, d’hospitalité et d’intentionnalité relationnelle. Les fidèles sont invités à devenir des disciples-missionnaires, tissant des liens authentiques avec leurs voisins, collègues et connaissances. Par ces connexions significatives, ils témoignent de l’amour de Dieu et orientent doucement les autres vers une relation avec Jésus-Christ.

Cette approche relationnelle de l’évangélisation exige également une reconsidération de l’expérience dominicale de la paroisse. Plutôt que de se limiter aux besoins des habitués, il est nécessaire que la liturgie et la vie communautaire soient accueillantes, accessibles et engageantes pour ceux qui se sentent éloignés de l’Église. Cela peut inclure un ministère d’accueil chaleureux pour les nouveaux venus, des homélies compréhensibles, ainsi qu’une musique liturgique qui élève l’esprit et le cœur, invitant chacun à une profonde expérience spirituelle. L’objectif est de créer un environnement où les non-pratiquants se sentent accueillis, valorisés et attirés par la présence aimante et transformante du Christ.

Parallèlement, un processus d’intégration progressive des nouveaux croyants dans la vie de la communauté paroissiale s’impose. Les petits groupes – qu’ils soient centrés sur la prière, l’étude biblique, le soutien mutuel ou le service – deviennent des incubateurs de foi, des lieux où les relations s’approfondissent, la formation spirituelle se réalise, et les futurs leaders sont identifiés et formés. Ces groupes peuvent ensuite devenir des tremplins pour inviter d’autres personnes à rejoindre la famille paroissiale.

Prendre soin des plus démunis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté paroissiale, est également une expression vitale de l’amour de Dieu pour le monde. Une paroisse véritablement missionnaire doit donner la priorité aux actions en faveur des marginalisés, des souffrants et des nécessiteux, incarnant ainsi l’appel du Christ à servir « les plus petits » (cf. Matthieu 25, 40). Qu’il s’agisse d’initiatives organisées, comme des banques alimentaires, ou de gestes informels de bienveillance par les paroissiens, cet engagement envers les moins fortunés révèle la puissance transformatrice de l’Évangile en action.

À la base de cette vision missionnaire, le rôle du curé est crucial. En tant que pasteur principal, le prêtre doit définir et communiquer régulièrement la vocation évangélisatrice de la paroisse, en donnant l’exemple par une vie de prière et en guidant la communauté dans ses efforts missionnaires. Il doit aussi habiliter les laïcs, en identifiant et en formant des leaders qui partageront le travail de faire des disciples. Abandonnant une approche pastorale centrée sur le contrôle, le prêtre doit accepter de déléguer, célébrant le ministère de tous les baptisés.

En fin de compte, une paroisse revitalisée devient une manifestation de l’amour prodigue de Dieu – une communauté qui reflète la quête incessante du Père pour les égarés, l’étreinte compatissante envers les prodigues, et la puissance transformatrice du Christ ressuscité. Dans une telle paroisse, les barrières qui éloignent souvent les gens de l’Église – qu’elles soient intellectuelles, émotionnelles ou culturelles – s’effondrent progressivement, à mesure que l’amour de Dieu devient tangible à travers le témoignage de son peuple.

Cette vision d’une paroisse comme expression de l’amour divin n’est ni facile, ni réalisable rapidement ou sans douleur. Elle exige d’abandonner les habitudes du « toujours fait ainsi » pour embrasser l’œuvre sacrificielle et inspirée par l’Esprit de l’évangélisation. Elle nécessite un engagement renouvelé à la prière, un focus inlassable sur les relations, et un modèle de leadership fondé sur la collaboration et l’autonomisation. Pour les paroisses qui relèveront ce défi, les fruits ne seront pas seulement mesurés en termes de croissance numérique, mais surtout dans les vies transformées par l’Évangile et une communauté rayonnant de la beauté de la sainteté dans un monde en quête d’amour divin.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

Courriel: pierre.alain.giffard@gmail.com

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