Article – Demander chaque jour la grâce d’aider quelqu’un

L’amour du prochain est au cœur de la vie chrétienne. En aimant nous répondons à l’appel de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13:34). Mais l’amour est avant tout une grâce. C’est pourquoi nous devrions chaque jour solliciter la grâce d’aider quelqu’un. Les moments de service, qu’ils soient grands ou petits, peuvent être le résultat d’une prière de foi et d’une attention sincère. Cette demande quotidienne est un acte d’humilité et de disponibilité, reconnaissant que Dieu peut véritablement créer des occasions pour nous de manifester Son amour aux autres et spécialement aux personnes autour de nous qui en ont le plus besoin. 

La Parole de Dieu est claire : en servant les autres, nous servons le Christ lui-même. Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus enseigne : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25:40). Ce passage de la parabole du jugement dernier révèle une vérité essentielle : aider autrui, c’est rencontrer Jésus. Saint Paul, dans sa lettre aux Galates, exhorte les croyants : « Portez les fardeaux les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi du Christ » (Galates 6:2). Aider quelqu’un n’est pas seulement un acte de charité ponctuel, mais un appel à vivre la communion avec les autres, en partageant leurs joies et leurs peines.

L’Église, dans son enseignement, insiste sur la vocation de chaque chrétien à devenir un artisan de la charité. Le pape François, dans Evangelii Gaudium, écrit : « La foi authentique – qui n’est jamais confortable ni individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser la terre un peu meilleure après notre passage » (§183). Ce désir de transformation commence par des gestes concrets d’aide et de service envers ceux que nous rencontrons. Saint Jean-Paul II, dans Sollicitudo Rei Socialis, rappelle que l’amour pour le prochain doit s’exprimer dans une solidarité active : « Être solidaire signifie se faire proches des besoins des autres, s’engager dans des actions concrètes pour promouvoir leur bien-être et leur dignité humaine. »

Les saints sont des témoins lumineux de cette grâce d’aider quotidiennement. Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité, répétait souvent : « Il faut être inventif jusqu’à l’infini dans la charité. » Son exemple nous enseigne qu’aider les autres demande non seulement un cœur généreux, mais aussi une créativité et une détermination sans relâche. Sainte Thérèse de Lisieux, dans sa « petite voie », vivait cela par de petites actions accomplies avec un grand amour. Elle disait : « Je ne peux pas accomplir de grandes œuvres ; je peux seulement faire de petites choses avec un grand amour. » Cette humilité, ancrée dans la prière, montre que même les gestes les plus simples, faits pour l’amour de Dieu, ont une valeur infinie.

La liturgie nous forme à vivre cette disposition intérieure d’aider les autres. Dans chaque Eucharistie, nous recevons le Christ, qui s’est donné pour nous. Ce don parfait nous pousse à devenir, à notre tour, des dons pour nos frères et sœurs. Le rite de la paix, par exemple, nous invite à rétablir l’harmonie et à être des porteurs de réconciliation. De même, la prière universelle élargit notre horizon, nous faisant porter dans notre cœur les besoins de toute l’humanité.

La psychologie moderne confirme que l’aide aux autres procure non seulement un bien à ceux qui la reçoivent, mais aussi à ceux qui la donnent. Des études montrent que les personnes engagées dans des actions altruistes éprouvent un profond sentiment de satisfaction et de bonheur. Ce phénomène illustre une vérité spirituelle : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20:35). Cependant, il est essentiel de rappeler que cette aide ne doit pas devenir un fardeau insupportable. Sainte Mère Teresa, qui a consacré sa vie aux pauvres, soulignait : « Si nous ne pouvons pas nourrir cent personnes, nourrissons-en une seule. » Cela nous rappelle que la grâce d’aider quelqu’un ne dépend pas de la quantité de nos actions, mais de leur qualité et de l’amour qui les anime.

Demander la grâce d’aider quelqu’un commence par la prière. Saint François d’Assise nous offre un modèle dans sa célèbre prière : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. » En priant ainsi, nous nous mettons à la disposition de Dieu pour accomplir Sa volonté et être des canaux de Sa grâce. Cette prière quotidienne nous aide à cultiver une attitude de vigilance spirituelle. Nous apprenons à reconnaître les opportunités d’aider autour de nous, même dans les gestes les plus simples : écouter une personne en détresse, offrir un sourire ou un encouragement, partager un repas avec quelqu’un dans le besoin.

Aider quelqu’un chaque jour n’est pas seulement un acte de bonté humaine ; c’est une rencontre avec Jésus. Comme le dit le Pape Benoît XVI dans Deus Caritas Est : « L’amour du prochain trouve sa source dans l’amour de Dieu. À chaque fois que nous apportons de l’aide à autrui, c’est Lui que nous rencontrons. » Que cette demande quotidienne devienne notre prière : « Seigneur, aujourd’hui, donne-moi la grâce d’aider quelqu’un. Fais de moi un signe de Ton amour pour le monde. » Ainsi, nous découvrons que, dans chaque geste de charité, nous devenons davantage à l’image du Christ, Celui qui est venu « non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Marc 10:45).

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

Courriel: pierre.alain.giffard@gmail.com

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