Diocese of/de Pembroke

Dès que Jésus a ordonné à ses disciples : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint‑Esprit, et enseignez‑leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28,19‑20), l’évangélisation s’est inscrite dans l’ADN même de l’Église. Le Concile Vatican II nous rappelle que l’Église en pèlerinage « existe pour être… un sacrement universel de salut », poussée par l’amour divin à porter l’Évangile à chaque personne. Pourtant, cette même urgence peut se pervertir en son contraire : le fanatisme, un zèle excessif qui écrase la liberté, déforme la vérité et blesse aussi bien l’évangélisateur que l’évangélisé.

Le modèle de mission tracé par le Christ lui‑même ne connaît ni contrainte ni spectacle : il est fait d’un amour humble et patient. Jésus s’est abaissé pour laver des pieds poussiéreux, a accueilli les exclus et a proclamé la vérité par des paraboles et des actes de miséricorde. Lorsqu’il envoya ses apôtres, il ne leur donna pas d’armes, mais l’Esprit, les instruisant de prêcher « Jésus‑Christ et lui crucifié », afin que la foi repose sur la puissance de Dieu plutôt que sur l’éloquence humaine (1 Corinthiens 2,2).

Pierre, de son côté, exhorta chaque croyant à être prêt à défendre l’espérance qui est en lui « avec douceur et respect » (1 Pierre 3,15). Ces dispositions — humilité devant Dieu, gentillesse envers autrui, confiance joyeuse dans la guidance de l’Esprit — forment le véritable antidote au fanatisme.

Le Magistère confirme ces enseignements scripturaires. Paul VI affirma : « Évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser ». François a appelé l’Église à se constituer dans toutes les régions de la terre en un « état permanent de mission ». À chaque tournant, les documents de l’Église insistent sur le fait que l’évangélisation authentique jaillit de l’amour, s’exerce dans la liberté et honore la dignité de chaque personne.

Le fanatisme, en revanche, naît de la peur, de l’orgueil ou d’une soif de contrôle : il s’empare de textes isolés, impose des règles rigides et oublie que la conversion est œuvre de l’Esprit, non de la force humaine. Un tel zèle déséquilibré scandalise l’Évangile, fait trébucher les « petits » et repousse les chercheurs de vérité (Matthieu 18,6).

Sur le chemin de la sainteté, le cœur humain est le premier champ de bataille. La prière régulière façonne nos désirs pour qu’ils s’accordent à ceux du Christ ; l’examen de conscience honnête fait émerger l’orgueil ; le discernement des esprits révèle l’anxiété ou la rigidité comme signes d’un zèle contrefait.

S’engager dans un monde pluraliste exige la confiance dans l’Évangile immuable et le respect de toute conscience. Le Concile affirme : « Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte… de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience » (Dignitatis Humanae). « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions », nous enseigne Nostra Aetate. La nouvelle ardeur de la Nouvelle Évangélisation ne réside pas dans la coercition, mais dans l’inculturation de l’Évangile : proposer sans imposer, écouter avant de parler et laisser la joie de l’amour du Christ persuader.

Au bout du compte, le chemin étroit de l’évangélisation authentique n’est ni un repli timoré ni une charge fanatique : c’est une avancée courageuse, fondée sur l’humilité, animée par la joie et dirigée par l’amour. Quand chaque parole et chaque action jaillissent d’une rencontre vivante avec Jésus — douce, donnée de soi, respectueuse de la liberté — nous devenons de véritables instruments de son salut. Ce zèle équilibré, né de la prière et façonné en communauté, préserve l’Évangile de la déformation et ouvre les cœurs à la puissance transformatrice de l’amour du Christ.