Article – Si personne ne parle, personne ne saura 

On entend souvent que « l’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins» (Saint Paul VI). Une question fondamentale se pose alors aux chrétiens : les bonnes œuvres suffisent-elles à témoigner pleinement de la foi ?  

L’histoire du salut nous enseigne une vérité fondamentale : pour que l’humanité puisse connaître et croire en Jésus-Christ, il est impératif que l’Évangile soit annoncé de manière explicite. Cette proclamation verbale et directe est le fondement même de la mission de l’Église, car elle permet de révéler le dessein salvifique de Dieu et d’inviter chaque personne à une rencontre personnelle avec le Christ.

 Le Concile Vatican II, dans Ad Gentes, souligne cette nécessité : « L’activité missionnaire n’est rien d’autre et rien de moins que la manifestation du dessein de Dieu, son épiphanie et sa réalisation dans le monde et son histoire » (AG 9). Sans l’annonce explicite du Christ, l’humanité n’aurait jamais connu le mystère de l’Incarnation, de la Rédemption et de la vie trinitaire.

Certes, les bonnes œuvres trouvent leur pleine signification et importance dans le mystère du Christ. Saint Jacques nous rappelle que « la foi sans les œuvres est morte » (Jc 2,26), mais il présuppose la connaissance préalable de cette foi. Comment les premiers chrétiens auraient-ils pu comprendre le sens profond de la charité sans l’enseignement du Christ sur l’amour du prochain ? Le « nouveau commandement » (Jn 13,34) donne aux œuvres de miséricorde leur dimension proprement chrétienne. Les œuvres de charité préparent les cœurs, mais la Parole doit être annoncée. Sans elle, le christianisme se réduirait à un humanisme bienveillant, perdant sa dimension salvifique.

Comme le souligne saint Jean-Paul II dans Redemptoris Missio : « L’annonce a, en permanence, la priorité dans la mission. L’Eglise ne peut se soustraire au mandat explicite du Christ, elle ne peut pas priver les hommes de la Bonne Nouvelle qu’ils sont aimés de Dieu et sauvés par lui. « L’évangélisation contiendra aussi toujours – base, centre et sommet à la fois de son dynamisme – une claire proclamation que, en Jésus Christ …], le salut est offert à tout homme, comme don de grâce et miséricorde de Dieu ». Toutes les formes de l’activité missionnaire tendent à cette proclamation qui révèle et introduit dans le mystère caché depuis les siècles et dévoilé dans le Christ (cf. Ep 3, 3-9; Col 1, 25-29), mystère qui est au cœur de la mission et de la vie de l’Eglise, et qui forme le pivot de toute l’évangélisation ».(RM 44).

L’annonce explicite du salut en Christ révèle à l’homme sa condition de pécheur et son besoin de rédemption. Le Catéchisme de l’Église Catholique affirme : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (CEC 851). Cette connaissance implique nécessairement l’annonce explicite du Christ, unique médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tm 2,5). 

En conclusion, les bonnes œuvres sont essentielles au témoignage chrétien, car elles incarnent l’amour et la compassion que Jésus-Christ nous a enseignés. Cependant, il est crucial de reconnaître que ces gestes, bien qu’indispensables, ne suffisent pas à révéler pleinement le mystère du Christ. Les bonnes œuvres ne peuvent se substituer à l’annonce explicite de l’Évangile. Sans la proclamation du nom de Jésus, sans l’explication du mystère pascal, sans la révélation de l’amour trinitaire, l’humanité n’aurait jamais connu la plénitude du dessein salvifique de Dieu. Saint Paul l’affirme : « La foi naît de la prédication » (Rm 10,17); « Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui sans prédicateur ? » (Rm 10,14). Cette vérité fondamentale nous rappelle que l’Église, c’est -à -dire les chrétiens dans leur ensemble unis à leur Seigneur, doivent unir l’action caritative à l’annonce explicite du Christ, seul Sauveur du monde.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine

Courriel: pierre.alain.giffard@gmail.com

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