ARTICLE – Comprendre le Renouveau Charismatique dans la théologie catholique

Le Renouveau Charismatique Catholique s’inscrit comme un souffle spirituel d’une portée profonde au cœur de l’Église, révélant la présence vivante, opérante et sensible de l’Esprit Saint dans l’existence des croyants. Apparu en 1967, ce courant n’est pas l’émergence d’un mouvement séparé, mais bien ce que le magistère a reconnu comme un « courant de grâce » destiné à irriguer l’Église tout entière, en renouvelant de l’intérieur la vie chrétienne.

Parmi les traits distinctifs de ce renouveau figurent la certitude que les dons de l’Esprit — sa puissance et sa lumière — sont offerts à tout baptisé ; l’approfondissement d’une relation intime et personnelle avec le Christ Jésus ; la liberté et la ferveur dans l’expression de la prière et de la louange ; ainsi que l’exercice des charismes, ces dons spirituels accordés pour l’édification de la communauté.

L’expérience dite du « baptême dans l’Esprit Saint » constitue souvent une étape décisive de ce cheminement. Du point de vue catholique, il ne s’agit pas d’un nouveau sacrement, mais d’une effusion de l’Esprit qui vient raviver et actualiser les grâces déjà conférées par les sacrements du Baptême et de la Confirmation. Cette grâce mène à une conscience renouvelée de la présence de Dieu, et à une plus grande disponibilité à l’action de l’Esprit dans la vie ordinaire.

Bien que cette expérience trouve des échos dans le monde protestant charismatique, celui-ci en propose parfois une lecture théologique différente. Dans nombre de communautés évangéliques et pentecôtistes, le baptême dans le Saint-Esprit est envisagé comme une seconde étape, distincte du baptême d’eau, souvent marquée par la manifestation de dons spirituels visibles. Chez les pentecôtistes, le parler en langues en constitue fréquemment le signe initial. Dans d’autres expressions charismatiques, ce signe n’est pas requis, mais les manifestations extraordinaires telles que les guérisons, prophéties ou miracles sont reconnues comme expressions authentiques de l’action divine.

L’accueil de ces éléments dans la théologie catholique requiert un discernement prudent et éclairé, afin d’en garantir l’harmonie avec la foi, la liturgie et la sacramentalité propre à l’Église. Celle-ci enseigne que les charismes sont des grâces données « en vue du bien commun » (cf. 1 Co 12,7). Qu’ils soient simples ou extraordinaires, ces dons doivent être reçus avec gratitude et exercés dans la charité, pour la croissance du Corps du Christ.

Le baptême dans l’Esprit est ainsi compris comme une grâce de renouveau pentecostal inscrite dans le dynamisme même des sacrements. Le cardinal Raniero Cantalamessa le souligne avec clarté : si les sacrements sont valides et efficaces ex opere operato, encore faut-il que l’opere operantis, c’est-à-dire la disposition intérieure du croyant, ne fasse pas obstacle à la grâce : « Le sacrement est efficace ex opere operato, mais encore faut-il que l’opere operantis, c’est-à-dire la disposition du cœur, ne fasse pas obstacle à la grâce. » L’effusion de l’Esprit devient alors un acte conscient d’abandon à la puissance divine.

Enfin, bien que partageant certains accents avec les expressions charismatiques d’autres confessions, le Renouveau Charismatique Catholique demeure pleinement enraciné dans la communion ecclésiale. Il se veut fidèle aux sacrements, à la doctrine, et à l’autorité du magistère. Il ne cherche nullement à constituer une Église parallèle, mais à favoriser un élan nouveau de vie chrétienne dans l’Esprit, au service de l’évangélisation, de la sainteté et de la mission de l’Église dans le monde contemporain.

Pierre-Alain Giffard, Directeur de la pastorale diocesaine
Courriel: pierre.alain.giffard@gmail.com

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