Diocese of/de Pembroke

Imaginez un amour si vaste et si puissant qu’il a donné naissance à tout ce qui existe — un amour si intime qu’il connaît chaque battement de notre cœur, un amour si fidèle qu’il ne renonce jamais à nous. Pour beaucoup, l’idée de l’amour de Dieu paraît lointaine, voire étrangère. Les épreuves de la vie ont parfois durci notre foi ou obscurci notre espérance. Et pourtant, au plus profond de tout être humain demeure une soif de relation, une quête de sens, un désir brûlant d’être vu, compris et aimé véritablement. C’est précisément là que Jésus entre en scène.

Il n’est pas seulement un personnage historique : il est une invitation vivante à faire l’expérience d’un amour qui transforme tout. Lorsqu’un rayon de cet amour infini vient nous effleurer, il éveille naturellement en nous le désir d’y répondre, de suivre le chemin qu’il nous propose, et de partager la paix et la joie qui en découlent.

Pourquoi aimons-nous Jésus ?

On pourrait se demander : « Pourquoi Jésus ? » Parce qu’il est le visage le plus clair, le plus concret, de l’amour de Dieu rendu visible. Son incarnation nous le révèle : le Dieu éternel, insondable, a choisi de devenir l’un de nous, d’assumer pleinement notre condition humaine, avec ses joies et ses peines. Voilà le mystère de l’Incarnation : « Lui qui est de condition divine […] s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (cf. Ph 2, 6-8)

Cette humilité radicale touche le cœur : elle dit combien nous avons du prix à ses yeux. Jésus a aimé sans condition, brisant les barrières des étiquettes et des jugements. Il s’est approché des oubliés, des malades, des rejetés. Il a touché l’intouchable, pardonné l’impardonnable, et reconnu en chacun une dignité inaliénable. Il n’a jamais reculé devant la misère humaine : il l’a embrassée, offrant guérison et relèvement. Son amour ne se mérite pas, il se donne.

Et puis, il y a l’acte suprême de l’amour : la croix. Jésus a librement donné sa vie, non parce qu’il le méritait, mais pour nous réconcilier avec le Père, pour nous libérer du poids de nos fautes et nous ouvrir à une vie véritablement nouvelle. « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. » (Rm 5, 8)

Cette offrande n’est pas un simple souvenir du passé : elle est actualisée dans l’Eucharistie, ce repas sacré où Jésus se rend réellement présent, se donnant comme nourriture pour la route, signe tangible de sa fidélité constante. « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » (Jn 6, 53-58)

Ses paroles, empreintes de sagesse, nous touchent aussi. Il exprimait les vérités les plus profondes avec une clarté désarmante, nous enseignant à vivre avec justesse : pardonner, aimer notre prochain, chercher la vraie joie non pas dans ce que nous possédons, mais dans ce que nous sommes et à qui nous appartenons. « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt 6, 33)

Pourquoi sommes-nous appelés à suivre Jésus ?

Lorsque nous commençons à goûter cet amour, une question surgit naturellement : et si ses paroles dans l’Écriture m’étaient adressées ? — « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » (Jn 10, 27)

Suivre Jésus ne signifie pas renoncer à soi-même, mais devenir pleinement soi-même, découvrir sa vérité la plus profonde. Il le dit lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14, 6) Dans un monde souvent déboussolé, il trace une route claire, une vérité solide, une vie en plénitude.

Nous le suivons aussi parce qu’il nous offre une paix que nul autre ne peut donner. « Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera votre cœur et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4, 7) Cette paix intérieure subsiste même au cœur des tempêtes. En lui, nous trouvons un refuge, une sécurité profonde. Le suivre, c’est entrer dans une dynamique de transformation intérieure. Il ne veut pas seulement que nous changions nos comportements ; il désire renouveler nos cœurs, nous libérer de ce qui nous enchaîne, et faire grandir en nous l’amour, la compassion et la joie véritable. Cette transformation se nourrit d’une vie de prière et de pratiques spirituelles enracinées dans la tradition chrétienne.

Suivre Jésus, c’est aussi rejoindre une famille : l’Église. Non pas une simple institution, mais une communion de croyants en marche, un peuple soutenu par les sacrements, où chacun reçoit force et grâce pour avancer. Dans cette communauté, nous découvrons nos dons uniques, appelés à les mettre au service des autres, pour transformer le monde autour de nous.

Enfin, nous marchons à sa suite portés par une espérance plus grande que cette vie : celle d’un accomplissement éternel. « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. […] Je vais vous préparer une place. » (Jn 14, 2-3) Ce n’est pas un rêve illusoire, mais une promesse certaine qui donne à notre vie présente toute sa profondeur. Elle nous aide à affronter les épreuves avec courage, sûrs que notre véritable patrie est en Dieu, dans une joie et un amour sans fin.

En ouvrant notre cœur à cet amour infini et en mettant nos pas dans ceux de Jésus, nous découvrons une richesse insoupçonnée. Et cette rencontre déborde naturellement en un désir de la partager, d’inviter d’autres à faire eux aussi l’expérience de cette puissance transformatrice de l’amour de Dieu.