Diocese of/de Pembroke

La vocation la plus fondamentale et la plus urgente de chaque catholique est d’inviter autrui à connaître et à suivre Jésus-Christ. L’Église existe pour évangéliser. Cette affirmation audacieuse, proclamée dans Evangelii Nuntiandi, trouve sa formulation explicite en ces termes : « Nous voulons confirmer une fois encore que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Église » (Evangelii Nuntiandi, §14).

Il ne s’agit pas là d’une tâche périphérique ou d’une option réservée à quelques spécialistes : c’est l’identité même de l’Église et la vocation propre de tout baptisé. Fondée sur l’Écriture, confirmée par le Magistère, et façonnée par une tradition bimillénaire, la mission évangélisatrice constitue le cœur le plus intime de l’Église.

Le mandat du Christ : « Allez, de toutes les nations faites des disciples »

Cette mission s’enracine dans le dernier commandement du Christ avant son Ascension :« Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 19-20, traduction liturgique).

Ces paroles ne s’adressent pas uniquement aux apôtres, mais, par eux, à toute l’Église de tous les temps. Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne : « Parce que, comme tous les fidèles, ils sont chargés par Dieu de l’apostolat en vertu du baptême et de la confirmation, les laïcs sont tenus par l’obligation et possèdent le droit, individuellement ou réunis en associations, de travailler à ce que le message divin du salut soit connu et accueilli par tous les hommes en tout lieu » (CEC, §900).

Inviter à rencontrer le Christ, c’est participer à la mission même de Jésus, venu « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10).

L’évangélisation ne se résume pas à transmettre un savoir religieux, mais à susciter une rencontre vivifiante avec le Dieu vivant, présent en la personne de Jésus-Christ.

Baptisés et envoyés

Le pape François rappelle avec force que tout chrétien est un disciple missionnaire. Il écrit dans Evangelii Gaudium : « En vertu de leur baptême, tous les membres du Peuple de Dieu sont devenus des disciples missionnaires (…). Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ » (Evangelii Gaudium, §120).

Cet appel ne s’adresse pas uniquement aux prêtres ou aux religieux : il concerne chaque catholique — parents, travailleurs, étudiants, retraités — appelés à témoigner de l’Évangile par la parole et par les actes. L’Église enseigne que les laïcs, en particulier, ont une mission irremplaçable pour porter l’Évangile au cœur de la famille, du monde du travail, de l’école et de la vie publique (cf. Christifideles Laici, §§15–17).

L’évangélisation comme expression de l’amour

Évangéliser n’est pas imposer une idéologie ; c’est offrir un trésor. C’est un acte d’amour : proposer à l’autre le don le plus précieux qui soit — l’amitié de Dieu, le pardon des péchés, la vie éternelle. Comme le dit saint Paul : « L’amour du Christ nous saisit » (2 Co 5, 14).

L’évangélisation naît de cet amour, et du désir qu’il soit connu et vécu. Le pape saint Jean-Paul II affirme dans Redemptoris Missio : « La foi se renforce lorsqu’on la donne ! » (Redemptoris Missio, §2).

L’Église, à l’image de son Seigneur, ne contraint pas : elle propose. Elle offre le Christ comme réponse au désir le plus profond du cœur humain. Toute vraie évangélisation respecte la liberté, tout en appelant à la conversion.

Le témoignage, premier langage de l’Évangile

Le témoignage d’une vie transformée demeure l’appel le plus éloquent à suivre le Christ. Jésus déclare : « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16).

Le pape Paul VI souligne avec force : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (Evangelii Nuntiandi, §41).

L’Église évangélise par la parole et les sacrements, certes, mais aussi par la sainteté, la joie, le pardon et la miséricorde vécus au quotidien. Ainsi, chaque foyer chrétien devient une « Église domestique » (Lumen Gentium, §11), irradiant la présence du Christ dans le monde.

L’Eucharistie : source de la mission

L’Eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (CEC, §1324). De cette source jaillit l’élan missionnaire. À chaque messe, les fidèles sont nourris, mais aussi envoyés : « Ite, missa est » — « Allez, vous êtes envoyés ».

Recevoir le Christ dans l’Eucharistie, c’est recevoir la force de Le porter au monde. Le Concile Vatican II enseigne dans Ad Gentes : « L’Église en pèlerinage est, par nature, missionnaire » (Ad Gentes, §2).

La mission n’est pas une activité accessoire : elle est l’être même de l’Église. Il en est de même pour chaque baptisé : la mission n’est pas un ministère parmi d’autres — elle est le cœur battant de la vie chrétienne.

Marie, étoile de l’évangélisation

Marie, première disciple et modèle de l’évangélisation, nous montre comment conduire à son Fils. À Cana, elle dit simplement : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5).

Lors de la Visitation, elle porte Jésus à Élisabeth, qui est remplie de l’Esprit Saint à l’écoute de sa salutation (cf. Lc 1, 39–45). La présence de Marie conduit toujours à Jésus. À son exemple, les catholiques sont appelés à être des porteurs du Christ pour le monde.

Une urgence habitée d’espérance

Dans un monde de plus en plus sécularisé, l’appel à évangéliser devient plus pressant. Beaucoup vivent sans connaître le Christ, ou avec une image déformée de Lui. Mais l’Église ne se laisse pas gagner par le découragement. Elle sait que l’Évangile demeure : « puissance de Dieu pour le salut de tout croyant » (Rm 1, 16).

Le pape François nous le rappelle avec force : « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » (Evangelii Gaudium, §1).

C’est cette joie — la joie d’être aimé du Christ et de Le connaître — que chaque catholique est appelé à partager. Non par contrainte, mais dans la gratitude débordante du don reçu.

Conclusion

Inviter les autres à connaître et suivre le Christ n’est pas un aspect secondaire de la vie chrétienne : c’en est l’essence même. Enracinée dans le baptême, nourrie par l’Eucharistie, inspirée par le témoignage des saints et de Marie, et commandée par le Christ lui-même, cette mission définit l’identité et la vocation de tout catholique. C’est un devoir sacré et une grâce incomparable : aider les autres à découvrir Celui qui est : « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).

Que chaque catholique, sous la mouvance de l’Esprit Saint, réponde à cet appel avec foi, courage et amour.