Diocese of/de Pembroke

(Image: The Lost Sheep by Robert T Barrett | Altus Fine Art)

Du Cœur de l’Église jaillit une vision à deux facettes : d’une part, contempler et adhérer à la volonté de Dieu qui veut sauver toute l’humanité ; d’autre part, reconnaître et susciter, en chaque baptisé, la vocation de disciple missionnaire. Ces deux piliers forment le fondement même d’une Église missionnaire.

La volonté salvifique universelle de Dieu

L’Écriture affirme sans détour : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4). Depuis le récit de la Création en Genèse jusqu’à la vision ultime de l’Apocalypse, la Bible révèle un Dieu qui n’est ni passif ni exclusif, mais qui tend activement la main à toutes les nations, à tous les peuples. Le Christ lui-même déclare : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). Sa mission de salut est universelle.

Le Catéchisme de l’Église catholique reprend cette vérité avec force : « Par sa mort et sa Résurrection, Jésus-Christ a ouvert à tous les hommes l’accès à la vie éternelle » (CEC, n° 1026). Le Concile Vatican II a rappelé avec une intensité renouvelée cette universalité, notamment dans Lumen Gentium et Gaudium et Spes. Dès lors, les pasteurs de l’Église ne peuvent se contenter de veiller sur ceux qui fréquentent déjà les bancs des assemblées ; ils sont appelés à chercher activement ceux et celles qui sont perdus, à l’image du Bon Pasteur : « Quel homme parmi vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres au désert pour aller à celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? » (Lc 15,4-7).

Tout chrétien est envoyé

L’Église n’est pas simplement un refuge pour les croyants ; elle est, par essence, missionnaire. Le pape François l’affirme dans Evangelii Gaudium, n° 20 : « L’action missionnaire est le paradigme de toute œuvre de l’Église. » Le décret Ad Gentes du Concile Vatican II proclame de même : « L’Église en pèlerinage est, par nature, missionnaire » (n° 2).

Cette identité missionnaire n’est pas réservée au clergé ou aux religieux. Par le Baptême et la Confirmation, chaque chrétien est appelé à participer à la mission de l’Église. Saint Jean-Paul II, dans Redemptoris Missio, n° 71, insiste : « Tous les laïcs sont missionnaires en vertu de leur baptême. »

Cette conviction doit transformer le regard des responsables ecclésiaux : le peuple confié à leurs soins n’est pas une assemblée passive de consommateurs de services religieux, mais un corps vivant de témoins actifs de l’Évangile. Chaque paroissien, chaque membre du Corps du Christ doit être appelé à devenir missionnaire, dans sa famille, sur son lieu de travail, dans la société tout entière.

L’expérience des Églises en croissance : exemples contemporains

Dans de nombreuses régions du monde, les communautés chrétiennes qui connaissent une croissance durable partagent deux traits essentiels : elles s’appuient sur la conscience vive de la volonté universelle de salut de Dieu, et elles mobilisent effectivement tous les croyants comme missionnaires.

Ainsi, des recherches menées par le Center for the Study of Global Christianity montrent que les Églises en expansion – qu’elles soient catholiques, protestantes ou orthodoxes – investissent massivement dans la formation de petits groupes de disciples, le développement du leadership laïc, et des initiatives d’évangélisation. Ces communautés rappellent l’image de l’Église apostolique telle qu’elle apparaît dans les Actes des Apôtres : « Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés » (Ac 2,47).

Conséquences pratiques pour les responsables d’aujourd’hui
Pour les évêques, prêtres et autres responsables de l’Église, ces vérités appellent non seulement une adhésion doctrinale, mais surtout une mise en œuvre concrète. Voir la volonté de Dieu de sauver tous les hommes implique de sortir d’une simple logique d’entretien pastoral pour entrer dans une dynamique missionnaire active. Mobiliser tous les chrétiens comme missionnaires requiert des approches précises :

— Des homélies qui rappellent sans relâche aux fidèles leur vocation missionnaire (cf. Evangelii Gaudium, n° 120).
— Structurer la vie paroissiale autour de l’évangélisation et de la formation de disciples, et non pas uniquement autour de l’administration sacramentelle.
— Prioriser la formation de leaders laïcs à travers la catéchèse, le mentorat et la délégation de responsabilités effectives.
— Veiller à ce que les programmes pastoraux – ministère auprès des jeunes, liturgie, action sociale – soient orientés vers l’annonce de l’Évangile.
— Développer des initiatives spécifiques pour rejoindre ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ ou s’en sont éloignés.

L’exhortation du pape Benoît XVI trouve ici tout son sens : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction » (Deus Caritas Est, n° 1). Cette attraction n’opère que lorsque les membres de l’Église vivent et témoignent concrètement de l’amour sauveur de Dieu dans tous les domaines de leur existence.

Conclusion : un appel à une vision et une action renouvelées

En définitive, les responsables de l’Église doivent cultiver sans cesse ces deux visions indissociables : voir dans le Christ l’immensité de la miséricorde divine, et reconnaître en chaque croyant la capacité d’en être un instrument vivant. L’urgence de cette mission est aujourd’hui plus grande que jamais, face aux défis spirituels et culturels de notre époque.

Les paroles de saint Paul conservent toute leur actualité : « Comment donc invoquer le Seigneur sans d’abord croire en lui ? Et comment croire sans d’abord l’entendre ? Et comment entendre si personne ne proclame ? » (Rm 10,14).

Que, par la grâce de l’Esprit Saint, chaque responsable ecclésial entende à nouveau cet appel, et qu’il aide tout le peuple de Dieu à se lever comme un seul corps, envoyé dans le monde pour proclamer l’amour sauveur de Jésus Christ.