ARTICLE – L’Évangélisation comme Acte de Compassion

L’évangélisation constitue l’expression suprême de la compassion qu’un être humain puisse manifester envers son prochain. Cette affirmation, qui pourrait sembler exagérée, trouve pourtant sa pleine justification dans la nature même de la mission évangélisatrice.

La démarche évangélisatrice prend racine dans une compréhension profonde de la condition humaine et de son aspiration intrinsèque au sens, à la finalité et à la transcendance. Dans notre monde contemporain, où l’abondance matérielle côtoie souvent le dénuement spirituel, le message évangélique apporte une réponse aux interrogations existentielles qui tourmentent l’humanité. Comme l’écrivait saint Augustin dans ses Confessions : « Notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi ». Cette inquiétude se manifeste par diverses formes de souffrance – émotionnelle, spirituelle, psychologique – que les solutions purement matérielles ne sauraient apaiser.

Par l’évangélisation, nous proposons à l’humanité la réponse ultime à leur quête de sens. Le message évangélique révèle à chacun sa dignité incomparable d’enfant de Dieu, créé à Son image et appelé à la communion éternelle avec Lui. Cette vérité possède la force de transformer les vies, de guérir les cœurs blessés et de redonner l’espérance à ceux et celles qui l’ont perdue. Sous cet angle, ne pas partager le message évangélique constituerait un manquement à la compassion, comparable au fait de posséder le remède d’une maladie mortelle sans le partager.

L’approche ecclésiale de l’évangélisation se veut holistique, embrassant tout le spectre des besoins humains. Tout en proclamant le message salvifique de Jésus-Christ, l’Église œuvre simultanément pour soulager la pauvreté matérielle, promouvoir la justice et favoriser le développement humain. Cette approche intégrale reflète le ministère même du Christ, où l’annonce du Royaume de Dieu était indissociable de la guérison des malades, du rassasiement des affamés et de la compassion envers les marginalisés.

L’évangélisation construit également la communauté et favorise la solidarité entre les personnes. Par l’accueil de la foi, les individus se découvrent membres d’une famille plus vaste, unie dans le Christ. Ce sentiment d’appartenance répond au besoin profond de communion et de communauté, particulièrement pertinent dans notre société marquée par l’individualisme. Les groupes de partage et les communautés de foi offrent des espaces où les personnes peuvent vivre une authentique fraternité, un soutien mutuel et une croissance spirituelle.

La dimension intellectuelle de l’évangélisation ne saurait être négligée. L’engagement intellectuel de l’Église permet aux fidèles d’approfondir leur foi et de trouver des réponses raisonnées à leurs interrogations sur la vie, la souffrance et le sens de l’existence. Par une catéchèse appropriée et un enseignement biblique rigoureux, l’Église accompagne les croyants dans leur cheminement, les conduisant d’une simple pratique religieuse routinière vers une foi mûre et éclairée.

Plus fondamentalement encore, l’évangélisation apporte le don inestimable de l’espérance. Dans un monde souvent marqué par le désespoir, le message évangélique proclame que la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot. Par Jésus-Christ, nous avons accès au pardon divin, à la guérison et à l’amour transformateur de Dieu. Ce message d’espérance revêt une force particulière pour ceux qui traversent des crises personnelles, luttent contre des addictions, souffrent de relations brisées ou sont prisonniers des diverses formes d’esclavage moderne qu’engendre le péché.

La nature compatissante de l’évangélisation se manifeste dans sa capacité à libérer les personnes de leurs croyances erronées et de leurs comportements destructeurs, tout en leur offrant la vérité qui affranchit (Jean 8,32). Elle fournit une boussole morale dans un monde de valeurs relatives et aide chacun à découvrir sa véritable identité d’enfant bien-aimé de Dieu.

En tant qu’acte de compassion, l’évangélisation exige une sensibilité particulière au parcours de chaque individu et un profond respect de sa liberté. Elle implique de rencontrer les personnes là où elles se trouvent, d’écouter leurs histoires et de partager l’Évangile d’une manière qui rejoigne leur situation particulière. Cette approche personnalisée reflète la patience et la délicatesse même de Dieu dans sa façon d’attirer les âmes à Lui.

En conclusion, l’évangélisation demeure l’acte de compassion par excellence car elle offre à l’humanité ce dont elle a le plus besoin : le pardon en Jésus-Christ et la plénitude de vie qui découle de la connaissance et de l’amour de Dieu. Bien que l’Église doive poursuivre sa mission auprès des nécessiteux et œuvrer pour la justice sociale, sa mission première d’annoncer l’Évangile reste le plus grand service qu’elle puisse rendre à l’humanité (Cf. Redemptoris Missio #2). Par l’évangélisation, les êtres humains reçoivent non pas un soulagement temporaire mais une espérance éternelle, non pas une simple assistance matérielle mais une transformation spirituelle, non pas une solidarité humaine mais une communion divine. Ainsi, tendre la main à ceux et celles qui ne connaissent pas Jésus ou ne le suivent pas constitue véritablement l’expression la plus profonde de l’amour que nous puissions témoigner à nos frères et sœurs en humanité.

Pierre-Alain Giffard
pierre.alain.giffard@gmail.com

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